Les Tuniques Bleues
“Les Tuniques bleues” est une série de bande dessinée humoristique belge qui raconte les aventures du sergent Chesterfield et du caporal Blutch. Ils sont militaires dans l’armée de l’Union (du nord) opposée à l’armée de confédérés (du sud), pendant la guerre de Sécession. Au-delà du comique des situations et des personnages, cette série relate les horreurs de la guerre.
“Tuniques bleues” est le nom donné par les Amérindiens aux troupes de cavalerie. Ils étaient chargés notamment de la protection des colons durant la conquête de l’Ouest et les guerres indiennes dans l’Ouest américain.
La série est créée en 1968 dans Spirou par le dessinateur Louis Salvérius et le scénariste Raoul Cauvin. Après la mort de Salvérius en 1972, le dessin est repris par Lambil.
Personnages Principaux
Cornélius M. Chesterfield :
sergent au 22ème de cavalerie, roux, plus costaud que son subordonné préféré, ses parents sont toujours vivants (Blue rétro, no 18). Son père, Joshua, a d’après lui fait la bataille d’Alamo où il a reçu six médailles, semble-t-il comme trompette (du moins c’est ce qu’il raconte à qui veut l’entendre). Il est désormais dans un fauteuil roulant du fait d’une blessure reçue en tombant d’une échelle (il était blanchisseur du camp). Avant de s’engager, Chesterfield était garçon boucher chez M. Graham. Il a d’ailleurs failli épouser la fille de son patron, avant de rencontrer Blutch puis de s’engager dans l’armée. Il fera un passage à Fort-Bow au début de la série, dans tous les albums de Salvérius et plus rarement dans ceux de Lambil. Il est très amoureux d’Amélie, la fille du colonel Appeltown. Il a deux cousins qui, malheureusement pour lui, se sont engagés chez les sudistes. Il voue un culte à l’armée, déteste par-dessus tout les déserteurs, et rêve d’avoir cicatrices et décorations, même s’il a plus souvent les premières que les secondes. Il respecte envers et contre tout le grade supérieur, sauf si Amélie Appeltown est dans les parages… D’après Cauvin, le personnage s’inspire de son frère Robert, « très cocardier ». D’après le journaliste Jacques Schraûwen, Chesterfield « est la représentation vivante, et ronde, de la soumission au pouvoir ». Patrick Gaumer, spécialiste de la bande dessinée, voit en lui un personnage « gros et pas très futé (qui) recherche toujours les honneurs ».
Blutch :
caporal au 22ème de cavalerie, c’est un orphelin élevé par le docteur H. W. Harding (Vertes Années, no 34) avec lequel il est tour à tour orpailleur en Californie, docker, cireur de chaussure, garçon-coiffeur, garçon de café, vendeur de journaux à San Francisco, employé dans une mine, marchand de bananes vertes, à nouveau orpailleur (Vertes Années, no 34) et barman au The Pacific, qu’il rebaptise The Alamo lorsqu’il se retrouve recruté (Blue rétro, no 18). Il reçoit un temps le grade de lieutenant (Les Hommes de paille, no 40), mais dans la plupart des albums, il est caporal au 22ème de cavalerie. Il se marie avec une infirmière dans l’album 22, Des bleus et des dentelles. Bien qu’il dise éprouver une haine sans borne pour le sergent Chesterfield, ils sont généralement inséparables. Il a appris à sa jument Arabesque’ à s’écrouler et à faire la morte dès qu’elle entend un coup de feu (Le Blanc-bec, page 39, dernière case), ce qui lui sert d’excuse pour éviter les assauts. Il n’a qu’un rêve : déserter cette armée où il n’a jamais voulu se retrouver, au grand dam du sergent Chesterfield. Mais ses tentatives de fuite sont toujours découvertes, ou contrariées par Cornelius. Malgré cela, il reste quelqu’un de courageux et dévoué, n’hésitant pas à traverser seul les lignes ennemies, que ce soit pour retrouver le sergent Chesterfield ou Arabesque (En avant l’amnésique, no 29), ou éviter la mort d’un enfant (Drummer boy, no 31). D’après Patrick Gaumer, Blutch est « le personnage le plus attachant de la série ». « Petit et malicieux, il ne pense qu’à déserter ». D’après Schraûwen, Blutch « est l’archétype de ceux qui refusent les ordres imbéciles qui ne peuvent mener qu’à la boucherie ».
Arabesque :
jument bien-aimée de Blutch, elle est gris pommelé aux crins blancs. Blutch est prêt à tout pour la protéger, au point que même les généraux sont terrifiés de ce qu’il pourrait leur arriver si l’armée venait à nuire à sa jument. Très intelligente, elle est parfois capable de comprendre ce que lui disent les humains (Des Bleus et des dentelles, no 22). Elle s’écroule lorsqu’elle entend des coups de feu ou le cri de guerre de Stark : « Chaaargeeez !!! ». Cette caractéristique est souvent utilisée par Blutch pour éviter la mort sur les champs de bataille, mais aussi par Chesterfield pour éviter à Blutch de déserter (Vertes Années, no 34) ou à l’encontre de Stark (Requiem pour un Bleu, no 46). Nommée Flo à la naissance par son propriétaire, elle est la fille de King et Mary. Lorsque des soldats de l’armée nordiste arrivent pour réquisitionner le cheptel de son propriétaire, elle se cache dans la grange, et se cachera de même de longues semaines au moindre bruit de sabot. Lorsqu’une bataille fait rage près de la grange avec les chevaux du cheptel, le propriétaire s’y rend après les combats et retrouve King, qu’il se contraint à abattre. Arabesque (alors Flo) avait assisté à la scène, d’où son horreur des champs de bataille. Elle est aussitôt réquisitionnée par un soldat nordiste.
Capitaine Stark :
capitaine au 22ème de cavalerie. S’il apparaît la première fois dans Du Nord au Sud (no 2), il n’a pas encore le physique qu’il conserve à partir des Bleus de la marine (no 7), où il est définitivement chargé du régiment des deux héros. Après avoir fait West Point, Stark alterne vie civile et armée avant de se réengager au début de la guerre de Sécession. Son caractère plonge progressivement vers un mutisme total envers les fantassins, les civils, et tout ce qui marche sur deux pieds. Ce caractère est plus explicite dans l’épisode Stark sous toutes les coutures (no 51), lorsque Blutch et Chesterfield apprennent que Stark, jadis lieutenant au début de la guerre, avait reçu des éclats d’obus dans le crâne lors d’une attaque surprise des confédérés. Ainsi, il vit en permanence sur son cheval avec un regard lointain en n’attendant que la prochaine charge. Celle-ci est son seul souhait, et son antienne est : « Chargez ! ». Souvent blessé, parfois grièvement, il s’en sort toujours, ce qui n’est pas le cas de ses hommes… C’est le plus souvent lors de ces « pauses » que Chesterfield et Blutch peuvent aller accomplir des missions plus inhabituelles. Bien que son sens de la stratégie n’aille pas au-delà de la charge frontale quoi qu’il arrive, Alexander le considère comme un excellent officier. Son régiment est redouté de tous les soldats de son armée car c’est celui qui revient au camp avec le moins d’hommes en vie. D’après Gaumer, ce personnage « incarne la ganache assoiffée de gloriole ». Il s’agit d’un « imbécile prétentieux ne pensant qu’à envoyer ses troupes au casse-pipe ».